SULPHURE & CHLORE, en savoir plus
Pénétrer avec légèreté une relation particulièrement intime : ”soi et sa mort”.
En faire, sans tabous ni exhibitionnisme, une matière participante de l’espace public avec des images goûtues, je l’espère, inspirées par le franc et libre-peint de Bosch et de Brueghel.
Depuis la création de notre compagnie, le sujet de la marginalité réside au centre de nos spectacles (les gens du voyage; les punks; les pirates …).
Il y a en cela un choix de type politique mais aussi l’opportunité de remettre d’office en question des principes de formes ou représentations (à quel moment, où, dans quelles limites, distances/mêlements /enmêlement au public, comment ?).
Je voulais produire des enjeux et les mettre au péril de la perte de raison.
Ici, la marginalité c’est l’âge.
La Vieille, dotée de petites échasses ayant un goût de matériel paramédical, émerge juste d’une tête au-dessus du public.
Sa compagne, ce sont ses pensées conscientes et inconscientes de la mort, sa Mort.
Elle est incarnée par une comédienne portant simplement un masque représentant un crâne humain.
Elles n’apparaissent pas pour faire spectacle, elles sont là comme chacun, mais les égarements puis déraisonnements de la Vieille, et les actions et réactions affranchies de la Mort, vont produire l’espace pour que la représentation soit.
Pour une personne âgée l’espace public est le lieu où vont se jouer les restes d’une pleine appartenance à une vie sociale, d’une autonomie et d’un rôle.
La rue est faite pour ne pas se faire oublier, et ses bancs pour partager, un trottoir pour faire obstacle et les réverbères pour reprendre son souffle, la chaussée, c’est pour l’adrénaline et les gens pour faire foule, et la foule pour faire des gens et se voir dedans.
J’ai écrit ce spectacle aussi de sorte qu’il laisse dans l’espace public des traces (des lettres sont écrites à la craie sur les murs et le macadam;
un gros ballon gonflé à l’hélium reste accroché à un arbre;
la Vieille aime planter en douce des graines dans les jardinières ou les parterres…)
De légers signes à se souvenir dont la disparition s’égrainera dans une échelle temporelle incontrôlable et imperceptible afin de prêter matière et vie à l’oubli!
Anne TAILLIEZ
Durée : 1h ou 3x40mn
Tous publics
Espace nécéssaire : voir Fiche Technique
Photos © JM Coubart, No Art